José Mbiyavanga Kanda, prêtre congolais de la République Démocratique du Congo, pays en grande souffrance depuis plusieurs années, est le Curé de Seurre (19 communes) depuis maintenant 2 ans.
Vous voulez mieux le connaître ?
Pour cela, nous vous invitons à lire une interview qu’il avait donné à un hors série de la revue « mission de l’Eglise » éditée par les Oeuvres Pontificales Missionnaires (OPM). Retrouvez-vous ci-dessous l’article intégral qui portait sur son expérience de fidei donum en France.
Mission de l’Église (MdE) : Cher Père, pouvez-vous vous présenter très rapidement aux lecteurs de la revue Mission de l’Église ?
Père José : Je suis originaire de la République Démocratique du Congo (RDC). Je suis né le 30 avril 1962, en RDC. Après mes études primaires, je suis entré au petit séminaire, dans le diocèse de Matadi, mon diocèse d’origine. De 1983 à 1991 , je suis au grand séminaire de Mayidi. J’ai été ordonné prêtre en juillet 1991 . J’ai travaillé d’abord au petit séminaire comme professeur et recteur jusqu’en 2003. Après cela,j’étais en paroisse jusqu’à 2008, date à laquelle mon évêque m’a envoyé en France pour l’expérience pastorale que je vis comme curé dans le diocèse de Dijon.
MdE : Quels sont les deux ou trois points qui vous ont marqué lors de l’accueil que vous avez reçu dans l’Église qui est en France, en arrivant d’Afrique ?
Père Mbiyavanga Kanda José : J’ai été frappé par toute l’organisation qui a été mise en place pour m’accueillir. J’ai senti la chaleur humaine des personnes qui m’ont accueilli et avec qui je devais travailler. J’ai beaucoup apprécié la rencontre organisée par la cellule d’accueil des prêtres du service national de la Mission universelle. Au cours de cette rencontre où j’ai pu discuter avec d’autres prêtres qui vivent la même expérience que moi, j’ai reçu un condensé de la culture française et mieux perçu le contexte dans lequel vit l’Église qui est en France. Cela nous a permis de connaître un peu plus les Personnes qui nous accueillent, de mieux interpréter les situations, de mieux comprendre certaines réactions et la vie de l’Église qui est en France. Cela m’a permis de balayer certains préjugés que l’on peut avoir quand on vient d’Afrique.
MdE : Quels sont les deux ou trois éléments que vous pouvez déjà retenir de votre expérience missionnaire ici en France, et qui pourraient vous servir, une fois de retour en Afrique ?
Père José : Je retiens d’abord la proximité du pasteur et des personnes à qui il est envoyé. Le prêtre partage leur quotidien ; il vit comme eux ; il les rencontre en courses, sur la place publique, pas seulement à l’église ou lors des rencontres pastorales ou des préparations de célébrations liturgiques ; il partage leurs inquiétudes notamment sur les prochaines moissons, etc. Le prêtre apparaît, moins qu’en Afrique, comme quelqu’un qui est servi et qui commande. Il est vraiment au service de la communauté paroissiale et il doit subvenir à quelques besoins personnels. Par exemple, il n’est pas dans une équipe de prêtres, avec un cuisinier… Je note ensuite que la pastorale, ici en France, me renvoie à l’humilité qui doit être celle du pasteur. Les laïcs ont diverses compétences et peuvent vraiment aider le prêtre.
MdE : Quels sont les aspects qui vous semblent importants, pour ici et pour l’Église qui est en Afrique (en particulier en RDC), dans cette expérience de fidei donum, pour les hommes et femmes qui accueillent, les « accueillants », et ceux qui sont accueillis, les « accueillis » ?
Père José : Je dois noter les échanges d’expériences qui sont très importantes dans la vie des Églises locales. La diversité est une richesse. Celui qui vient apporte une expérience ; celui qui accueille offre aussi une expérience, une manière de voir les réalités sociales et ecclésiales qu’il peut partager avec celui qu’il accueille. Finalement on ne sait pas exactement ce qu’on laisse en repartant, mais on retourne toujours enrichi de ce qu’on a vécu, des rencontres qu’on a faites et de l’expérience ecclésiale et pastorale qu’on a vécue. En revenant chez soi, on a la joie de partager avec les siens l’expérience dont on a bénéficié.
L’accueillant enrichit celui qu’il accueille et ce dernier va enrichir son Église locale par tout ce qu’il a reçu. Il peut aussi enrichir toute l’Église qui l’accueille quand l’accueil et l’expérience pastorale se passent dans de bonnes conditions. Moi, j’ai été envoyé par mon évêque et je suis heureux de vivre cette expérience. Ces échanges sont très importants dans la vie dee sœurs. Cela nous rapproche et rend plus visible la communion ecclésiale. Les et les accueillis dévoilent divers aspects de leurs pays et de leurs Eglises et, ensernb!e, ils se donnent l’occasion de balayer les préjugés et les a priori de part et d’autre.
Le Père José (en fuchsia) à l’issue de la célébration de ses 25 ans de sacerdoce
église St Martin de Seurre
MdE : Cette expérience de fidei donum permet-elle de mettre en relief l’Église présentée comme Fraternité, communion d’Églises sœurs ?
Père José : Dans la mesure où elles sont librement acceptées, organisées, vécues et poursuivies, ces expériences d’échanges de fidei donum permettent d’accroître la communion entre les Églises soeurs. Je pense à l’Église de Jérusalem et aux autres Églises des premiers siècles du christianisme. Elles avaient le souci de s’entraider, matériellement et aussi au niveau spirituel. Aujourd’hui, nous sommes toujours dans cette mouvance ecclésiale et missionnaire. Nous devons nous entraider à tous les points de vue, pas seulement au niveau matériel, mais aussi au niveau spirituel et notamment à travers le partage d’expériences pastorales. Ce qui est vécu dans les communautés chrétiennes de base au Congo peut faire l’objet d’un partage avec les chrétiens français. L’engagement des laïcs, ici comme au Congo, peut être proposé comme éléments d’information en vue d’une meilleure communion. Quand on sait comment vivent les autres, les joies, leurs peines et leurs préoccupations, on peut mieux prier en communion avec eux. Si de part et d’autre, on peut s’inspirer de ce qui se vit chez les uns et les autres pour améliorer la manière d’organiser la vie chrétienne et vivre vraiment du Christ, en se préoccupant de l’avenir de la mission, ici en France, en Afrique ou ailleurs, c’est une bonne chose.
Les fidei donum et plus largement tous les missionnaires sont des signes et l’expression concrète de cette Église qui est, selon les termes du Concile Vatican Il, missionnaire par nature. L’Église tout entière est missionnaire et chaque baptisé, à son niveau, doit inventer des moyens pour être missionnaire, pour témoigner du Christ et le proposer à ceux qui ne le connaissent pas ou qui le connaissent mal. Nous devons tous coopérer à la mission universelle de l’Église et cela doit être vécu dans toutes les communautés chrétiennes, en ville comme dans les campagnes, en Europe comme en Afrique et dans les autres continents. Chaque chrétien qui fait partie d’une grande famille, l’Eglise-FamiIIe de Dieu, et qui bénéficie des services de cette grande Fraternité qu’est l’Église universelle. Cela donne de la joie, même s’il ne faut pas le séparer des exigences de la vie chrétienne, dans la dynamique missionnaire où on donne et on reçoit, y compris entre chrétiens d’origines et de sensibilités diverses.
Interview réalisée par Pierre Diarra.