Le verbe s’est fait cher

Dans le monde de l’humanisme moderne, le message de Dieu venant et habitant parmi nous a-t-il encore une chance d’être accueilli et compris?
L’homme d’aujourd’hui n’est-il pas beaucoup trop occupé de lui-même et attaché à son existence terrestre pour pouvoir encore accorder un regard à l’apparition de Dieu en ce monde ?

Tout au contraire, c’est précisément à l’homme de ce temps nouveau que le message de Noël doit apporter une joie enchanteresse, car il s’agit du mystère de Dieu fait homme. Il s’agit donc bien de l’homme. Croire à l’Incarnation de Dieu, c’est demeurer convaincu que le Dieu vivant s’intéresse à l’homme – en dépit de la distance infinie qui le sépare de nous.

Dieu considère sérieusement l’homme bien qu’il ne soit que néant devant lui qui est tout. Dieu le considère même sérieusement dans sa perdition coupable, dans la misère où il s’est mis lui-même.

A vrai dire, c’est justement cette vérité qui paraît si dure à croire à l’homme de l’époque prométhéenne. Car elle implique la reconnaissance de sa propre détresse et de sa propre incapacité à se sauver. L’homme ne peut admettre qu’il ne puisse recevoir son salut d’« en haut ». Ainsi le message de Noël n’est-il pas pour lui une « rumeur étrangère »; il est heurt et pierre d’achoppement pour lui. Et même s’il célèbre la fête avec des lumières, des chants et des dons, celui qui voit plus profondément aperçoit combien peu il y a la vraie foi de Noël derrière cette façade.

Mais celui qui surmonte le scandale, celui qui ne fuit pas la voix de sa conscience, laquelle le convainc de sa faute, et qui avoue que personne ici-bas ( et lui-même moins que personne) ne peut lui enlever cette faute, celui-là fait une découverte propre à enchanter justement notre temps. Dans le mystère de la sainte nuit, Dieu cherche l’homme plus encore que celui-ci ne se cherche lui-même.

H. BATCH